BILLETTERIE

Note de programme

Le 17 mars 1838, Robert écrit à Clara : « Je pense que c’est plus passionné que tout ce que j’ai jamais écrit – une profonde lamentation pour toi ». Il fait référence à Ruines, une pièce en un seul mouvement datant de 1836 qui évoque leur séparation forcée. Schumann ajoutera par la suite deux mouvements à cette œuvre qui sera publiée par la maison Breitkopf & Härtel sous le titre de Fantaisie en ut majeur, opus 17, dédiée à Franz Liszt.

En retour, dix-sept ans plus tard, Franz Liszt dédie à Robert Schumann sa sonate. Clara Schumann, note dans son journal « Ce n’est que bruit aveugle – plus la moindre idée saine, tout est embrouillé […] et il me faut pourtant l’en remercier. C’est vraiment trop épouvantable ». Pour Clara, Liszt est un coureur d’aventures artistiques, son jugement est faussé par son militantisme pour la musique de l’avenir, celle de Berlioz ou de Wagner. Il incarne le parti de la modernité face au jeune Brahms, qui ranime dans l’entourage des Schumann le classicisme Beethovenien.

Et pourtant on peut imaginer que Schumann plongé alors dans son opératorio Scènes de Faust et sombrant dans la folie aurait probablement été séduit par cette sonate que Liszt lui dédicace depuis Weimar, la ville de Goethe.

Les thèmes y circulent à la façon de personnages que l’on rapproche souvent des protagonistes de Faust ; ils se combinent dans une forme psychologique qui aurait pu plaire, peut être, au dernier Beethoven mais sûrement au Schumann de Florestan et Eusebius. Liszt ne confie-t-il pas lui-même ses personnages multiples à la princesse

Sayn-Wittgenstein, lorsqu’il lui écrit en ce début des années 1850 : « Je suis catholique de religion, hongrois de nationalité. J’ai un penchant pour la religion, mais j’ai encore quelque chose de démoniaque dans ma nature ».

PROGRAMME

Robert Schumann

Fantasiestücke op.12
Des abends aufschwung warum

Fantaisie op.17
Durchaus phantastisch und leidenschaftlich vorzutragen

Franz Liszt

Sonate en Si mineur S.178

BIOGRAPHIE

Gaspard Martin est diplômé en piano, accompagnement, musique de chambre et pédagogie des CNSM de Paris et de Lyon. Formé à ses débuts par Hortense Cartier- Bresson, il termine ses études de piano auprès d’Alain Planès ainsi que sa formation d’accompagnement avec Jean-Frédéric Neuburger. En marge du répertoire pour piano seul, Gaspard accompagne régulièrement des instrumentistes pour des concours internationaux, ce qui l’a amené à jouer dans plusieurs pays européens. D’autre part, il est à l’origine de la création d’un festival de musique de chambre « Musique à Espanels », dont il est le Directeur artistique et pianiste depuis 2017. Gaspard Martin est actuellement en poste au Conservatoire du 9ème arrondissement de Paris.